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Les îlots de chaleur urbains gagnent en hausse. Durant l’été 2003, l’Europe a connu une vague de chaleur qui a atteint des températures historiques. De juin à la mi-août, les températures ont augmenté de 20 à 30% par rapport à la moyenne de cette période de l’année, du nord de l’Espagne à la République tchèque et de l’Allemagne à l’Italie, atteignant jusqu’à 40°C. Des températures élevées ont été atteintes dans la plupart des pays européens…

Cet article est une traduction de l’Anglais par Vincent Gohlich. L’original a été rédigé par Sofie Villareal (Mexique).

Selon Britannica, cette vague de chaleur, provoquée par un anticyclone (un phénomène qui empêchait la pluie de tomber), a causé la mort de 30.000 personnes sur tout le continent : plus de 14.000 en France.

Aussi connu sous le nom d’Urban Heat Islands (« îlot de chaleur urbain« ), ce phénomène urbain soulève la question de la résistance climatique des villes, ainsi que l’influence du climat urbain.

Toutefois, une différence significative a été observée en 2007 par rapport au chiffre de 2003 ; 19 490 décès liés à la chaleur ont été signalés en France. Cela représente une augmentation de près de 30% des décès en quatre ans.

Ce phénomène attire l’attention sur les effets du changement climatique et sur les conséquences des températures élevées pour les populations urbaines. La concentration de la chaleur dans les zones urbaines est devenue un facteur alarmant et met en évidence les lacunes dans la gestion des îlots de chaleur.

Métropole de paris vue sur le paysage urbain immeubles urbanisation asphalte îlots de chaleurs urbains fortement urbanisé image prise en hauteur de Montmartre skyline
Le paysage urbain s’étend à l’infini. La forte urbanisation de Paris a une influence sur le climat de la ville. (Photo symbolique : Urbanauth / VGO / Paris / 2020)

En quoi consistent les îlots de chaleur urbains ?

Un îlot de chaleur urbain (ICU) est une zone urbaine où les températures sont plus élevées que dans les zones rurales environnantes. Ce type d’îlot est principalement généré dans les grandes villes densément peuplées, qui manquent d’espaces verts. La concentration des activités humaines, du trafic et de l’énergie électrique utilisée dans les bâtiments et les maisons, ainsi que le soleil, génère de la chaleur qui rebondit lentement sur les surfaces telles que le béton et provoque l’effet d’îlot de chaleur. Ce phénomène peut se produire à différentes échelles.

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Pourquoi les îlots de chaleur urbains existent-ils ?

Les principales modalités à l’origine des îlots de chaleur urbains sont les suivants :

  • Des espaces verts ou naturels insuffisants dans les villes, telles que des arbres, de la végétation, des rivières ou des plans d’eau. Ceux-ci absorbent la chaleur diffusée par les transports ou l’énergie électrique et contribuent en outre à la purification de l’air.
  • L’utilisation excessive de matériaux de construction, sans tenir compte de leurs propriétés, a un impact sur le climat urbain. D’une part, les matériaux réfléchissants comme le verre et l’acier, qui font rebondir la chaleur et saturent l’environnement extérieur. D’autre part, l’asphalte et le béton, qui stockent temporairement la chaleur avant de la restituer à l’environnement. Cela contraste avec les espaces verts et les plans d’eau qui absorbent la chaleur.
  • La forme de la ville : Le lien entre l’urbanisme et le changement climatique est récent. Pourtant, les effets que l’urbanisation peut avoir sur l’environnement naturel sont impressionnants. Par exemple, une ville avec peu d’espaces ouverts ou avec de hauts bâtiments proches les uns des autres, conçus sans se soucier de l’aménagement, canalisera le passage du vent et concentrera la chaleur.
  • Activités humaines impliquant l’utilisation de véhicules à moteur, de climatiseurs ou d’énergie électrique. L’industrie est l’une des activités qui génère le pourcentage le plus élevé de gaz polluants et d’augmentation de la température.
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L’urbanisation rapide et l’imperméabilisation du sol ont pour cause le développement de nouveaux ilots de chaleurs. (Urbanauth / VGO / France / 2021 )

Quels impacts ont les îlots de chaleur urbains ?

  • Une augmentation de la consommation d’énergie. Les températures plus élevées, l’utilisation accrue de la climatisation ou les voyages dans des véhicules fermés génèrent à leur tour plus de chaleur.
  • Les Effets sur la santé publique : des températures élevées pendant la journée peuvent provoquer des maladies respiratoires, des crampes, de la fatigue et même des crises cardiaques. La nuit, la chaleur affecte le repos des personnes et génère du stress. Par exemple, dans la ville mexicaine de Mexicali, 81 décès liés à la température ont été enregistrés au cours des 15 premiers jours du mois de juin 2019 (Organisation panaméricaine de la santé). Cette ville atteint jusqu’à 50 °C en été, les personnes âgées, les enfants et les personnes en situation de pauvreté étant les plus vulnérables.
  • La dégradation de la qualité de l’eau, qui modifie à son tour les processus métaboliques, reproductifs et nutritionnels des organismes aquatiques vivant dans les masses d’eau chaude
  • Des changements dans la faune : leur source de nourriture peut être réduite, voire leurs refuges détruits ou brûlés, ce qui les incite à chercher de nouveaux territoires. La modification des écosystèmes a alors des effets profonds et à long terme sur notre environnement.
  • Et enfin, l’effet perçu des nuits surchauffées dans les appartements non climatisés des grandes villes.
Les rivières aident à contrer les îlots de chaleurs urbains. Métropole paris fleuve la Seine
Les rivières aident à réduire la chaleur et ci-suite les îlots de chaleurs urbains. (Photo symbolique : Urbanauth / VGO / Paris / 2021)

Lutter contre les îlots de chaleur urbains : c’est ce que font certaines métropoles !

Après les décès causés par la canicule de 2003, Paris s’est fixé comme objectif de planter 20 000 nouveaux arbres d’ici 2020. En 2015, environ 62 hectares de zones naturelles et 4,7 hectares de toits végétalisés avaient été construits. 100 hectares supplémentaires de toits végétalisés devraient être créés, qui serviront également de jardins urbains.

En outre, la ville dispose d’un plan d’action climatique dans lequel elle définit des objectifs et des mesures visant à réduire les températures et à accroître sa résilience. Ce plan comprend des mesures incitant les citoyens à planter davantage d’arbres dans les rues et les espaces publics, créant ainsi des communautés plus vertes.

À Stuttgart, en Allemagne, un atlas climatique a été rédigé en 2008 pour 179 villages de la région. Cet outil de planification a proposé des mesures pour contrer les risques liés aux effets du changement climatique.

La zone, située dans une vallée où l’activité automobile est importante, souffre de la concentration de gaz à effet de serre, de particules fines et de températures élevées. Cet atlas comprend par ailleurs une brochure sur le climat pour le développement urbain, qui définit des lignes directrices pour s’assurer que les villes ont des couloirs verts entourés de végétation.

Une mesure plus simple a été appliquée à New York (USA). En 2010, environ 1 600 volontaires ont travaillé sur près d’un million de mètres carrés de toitures dans le cadre d’une initiative appelée New York Cool Roofs. Cette initiative, soutenue par la ville, consiste à peindre les toits en blanc afin de refléter la chaleur et de l’éviter à l’intérieur, réduisant ainsi l’utilisation de la climatisation. Ainsi, cette mesure vise à économiser approximativement 2.282 tonnes de CO2 par an.

les îlots de chaleurs sont créés par une urbanisation et le manque d'espaces verts. Image Paris, 17ᵉ arrondissement, espace publique verdit
Un éco-quartier à Paris : aménagement à usage mixte, qui intègre la végétation et les pratiques d’efficacité énergétique et de durabilité. (Photo symbolique / Urbanauth / 2020)

Une infrastructure verte pour lutter contre les îlots de chaleur urbains

D’autres mesures applicables dans les villes sont caractérisées par l’infrastructure verte. Les toits verts et la végétation en font partie. Il s’agit d’un type d’infrastructure qui utilise des systèmes naturels pour améliorer la qualité de l’environnement, ce qui profite également aux secteurs culturel, économique et social.

Urbanisme Allemagne Cologne Place Ebertplatz asphaltisé fontaine au centre avec sculptures infrastructure métropole espace public
Solution contre les îlots de chaleurs urbains à Cologne, Allemagne. Cette fontaine produit une fraicheur agréable en été. (Photo symbolique / Urbanauth / VGO / Cologne)

Le tableau suivant présente une liste d’éléments qui peuvent être inclus, renforcés ou intervenir dans les villes afin de réduire l’effet d’îlot de chaleur et de restaurer l’environnement :

Déterminant pour réduire les effets des îlots de chaleurs urbainsDéterminant pour réduire les effets des îlots de chaleurs urbains
Rues et boulevards bordés d’arbresDéterminant pour réduire les effets des îlots de chaleurs urbains
Facades et toits verts Parcs
Jardins privésForêts urbaines
Petits forêtsParcs naturels
VergesRivières
Étangs et courrants d’eauBassins et canaux urbains
Pistes cyclablesLagunes
Aires de jeuxBords de mer
Parcours sportifsTerres agricoles
CimetèresTerrains abandonés
Cours d’écolesMines abandonnés
Terrains abandonnésCollines
PlacettesPlaces municipales
Basé sur le « Guide de conception d’infrastructures vertes pour les municipalités mexicaines » de l’Institut de planification municipale de Hermosillo (2017)

Une pensée à la fin

Le changement climatique est l’une des crises auxquelles nous sommes confrontés. Ses effets accentuent, voire nous font prendre conscience de pratiques mal développées. La planification intégrale des villes gagne ainsi encore plus en importance pour protéger la vie des gens. Une participation citoyenne et les visions multidisciplinaires sont des composantes qui doivent être prioritaires dans la planification urbaine afin de comprendre le contexte et les besoins réels du paysage urbain. Les villes doivent cesser d’exister en série, sans planification et sans nature, sous peine de devenir des zones à risque mortel.

Cet article est une traduction de l’Anglais par Vincent Gohlich. L’original a été rédigé par Sofie Villareal (Mexique).

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